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La Fondation Canadienne des Relations Raciales (FCRR) répond
aux critiques émises par un comité de l’onu au sujet de l’expression « minorités visibles »
Le terme laisse entendre que l’expérience du racisme est homogène tout en classant ces personnes dans la catégorie de « l’autre », selon le directeur général
Toronto, le 14 juin 2007 : La Fondation canadienne des relations raciales a soumis un commentaire au Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) des Nations Unies, approuvant en principe l’observation de ce comité selon laquelle l’usage par le Canada de l’expression « minorités visibles » laisserait entendre que les personnes ainsi désignées seraient « l’autre » et vivraient des expériences homogènes. La Fondation recommande que le Canada cesse d’utiliser cette expression et parle plutôt de personnes ou de groupes « racisés » parce que ce dernier terme reflète mieux les réalités du racisme.
« La FCRR est d’avis que l’expression « minorités visibles » n’est plus opportune dans le contexte actuel parce qu’elle simplifie trop les expériences du racisme, affirme le Dr Ayman Al-Yassini, directeur général de la Fondation canadienne des relations raciales. Lorsque le terme a été introduit, il avait pour but d’identifier des groupes défavorisés qui pourraient bénéficier de mesures correctives. Il a encore cette fonction dans le cadre de la Loi sur l’équité en matière d’emploi mais son interprétation est différente lorsqu’il est utilisé en dehors de ce cadre.
En passant en revue le rapport du Canada, le Comité a demandé au pays de réfléchir davantage, en tenant compte du premier paragraphe du premier article de la Convention, aux conséquences de l’usage de l’expression « minorités visibles » pour désigner des personnes non autochtones et qui ne sont pas de race caucasienne ou blanche.
La réponse de la FCRR note que l’expression « minorités visibles » n’est pas sans valeur : le terme identifie un groupe de personnes qui ont été la cible du racisme et de la discrimination raciale vis à vis un groupe dominant; il facilite un langage global pour les gens visés par le racisme et la discrimination raciale; il permet de réunir des données quantitatives sur les personnes de couleur (et non autochtones) qui ne seraient pas disponibles sans cette distinction.
D’autre part, le terme a pour effet de placer les personnes ainsi désignées en marge de la société, de leur donner un sentiment d’infériorité par rapport au groupe dominant, une infériorité permanente. Le terme « minorité visible » suppose également une expérience commune et égale du racisme et de la discrimination, que tous les groupes raciaux de la catégorie vivraient le racisme manière égale, sans égard au sexe, à l’âge et à la classe sociale, entre autres.
« En outre, le terme ne tient aucun compte du sentiment d’identité associé au pays d’origine, à la race et à la culture. En fait, le terme, dans son utilisation actuelle, enlève essentiellement l’impact du racisme de son sens », d’ajouter le Dr Yassini.
« C’est pour ses raisons que la Fondation préconise le terme “racisés” pour désigner les personnes ou groupes en question. Cette expression met l’accent sur la notion sociale de la race, reflétant de manière plus honnête les rapports de pouvoir – économique, social, politique et culturel – implicites dans le racisme et la discrimination raciale. »
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La Fondation canadienne des relations raciales (FCRR) a été fondée dans le cadre de l’Entente de redressement à l’égard des Canadiens japonais. Elle s'est engagée à se pencher sur les causes et les manifestations du racisme, à jouer un rôle de premier plan dans l’élimination du racisme et de la discrimination raciale, contribuer à l’essor d’une société canadienne plus harmonieuse. Organisme de bienfaisance enregistré, la Fondation est dotée du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations Unies à titre d'organisation non gouvernementale (ONG).
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